mercredi 13 juin 2012

La route



I


Sur un lit de fortune, tressé à la hâte par ses compagnons, Ikafo se mourait. La fièvre achevait de consumer son corps qui avait abdiqué depuis bien longtemps et plus personne n’osait regarder sa jambe rongée par la gangrène. Dans son tourment, le jeune Sakalava(1) proférait des mots trop grands pour lui, mêlant en un odieux sacrilège, le nom du Nazaréen, une fille légère, et l’histoire – nous l’avions compris ainsi – d’une sourde vengeance qui décimait sa famille depuis des générations. Un soir, cependant, il reprenait connaissance et réclamait à boire. Il se remit à plaisanter, affolant ceux qui avaient déjà parié sur le jour et l’heure exacts de son trépas. Rahaga l’Ancien ne se laissa pas émouvoir. Je l’entendis tenir ces propos : " Entre le moment où le mal cesse d’inoculer son venin et celui où la mort arrive, l’homme dispose d’un sursis. Le sien, hélas ! ne sera pas long ". Et, en effet, avant que l’impossible espoir ne pût gagner nos cœurs, le regard du jeune homme se figea. Nous le veillâmes toute la nuit, témoins impuissants de la corruption qui profanait ses traits. A l’aube, les Ancêtres me pardonnent cette obscénité, nous mîmes en terre un inconnu.

Deux ou trois mois se sont écoulés depuis et, seul, Rahaga aujourd’hui partage mon infortune. Nous escaladions la côte de Berivotra, lorsqu’il brisa un silence de plusieurs jours.
- Monsieur l’ingénieur, maintenant, je reconnais les lieux. Nous toucherons au but demain. Pensez à la fête qui nous attend !
J’avais tant souffert de son mutisme, cependant les mots me manquèrent. Je ne pus que murmurer :
- Puissiez-vous dire vrai, l’Ancien...
Passablement excité, il soliloqua toute la nuit, mais refusait d’aborder le seul sujet qui m’intéressait, m’assommant de ses exploits de campagnard, de ses récoltes, de ses animaux. Vaincu par le sommeil, je remarquais à peine ce qui ressemblait à une confession :
- Maintenant que cette épreuve s’achève, je peux bien vous l’avouer : plus d’une fois, j’ai été tenté de vous tuer.
Un tel aveu, en d’autres circonstances, m’aurait révolté, mais j’étais épuisé et plus rien n’avait de réalité que ma lassitude. L’idée de ma mort, eût-elle été violente, me laissait indifférent. A cet instant, elle n’était effectivement que cela : une simple idée. Une pure abstraction.
Il poursuivit :
- Oui, seul, il m’aurait été plus facile d’imaginer que tout ceci n’était qu’un cauchemar. Un terrible mais banal cauchemar.
Il me laissa.

J’allais sur mes douze ou treize ans, quand j’entendis parler de lui pour la première fois, Orateur encore obscur du Vonizongo(2), il inquiétait pourtant déjà Razanakolona(3) et les autres qui se méfiaient de cet original maîtrisant parfaitement les classiques, mais émaillant ses interventions de formules de son cru. Rahaga - il était vrai - aimait à choquer. Même ses zélateurs. Allez faire admettre l’idée d’un soleil liquide …- Limiter son vocabulaire était, à l’entendre, une lâche soumission à la tyrannie du vulgaire qui exigeait de tout comprendre. La tradition qu’il ambitionnait de maintenir dans toute sa rigueur - de peur qu’elle ne dégénérât en folklore -, devait se retrouver, toujours selon ses dires, dans la parfaite adéquation du discours à la réalité. Seulement, de celle-ci, il avait une acception toute personnelle, rendant malaisée l’adhésion à son plaidoyer. Les méandres de sa pensée occultaient sa sincérité et rebutaient ceux qui recherchaient uniquement le plaisant. La liste de ses contempteurs s’allongeait au fil des saisons et l’on eût dit qu’il prenait plaisir à justifier les calomnies proférées contre lui. Sa réputation fut définitivement assise lors de noces restées célèbres : au lieu de couvrir la future mariée de louanges comme il est d’usage, il en fit un portrait fidèle, implacable, n’omettant aucun défaut. Que de fois n’avait-il subi depuis, les foudres de familles fort marries d’avoir à réorganiser de nouvelles cérémonies ! Quant à moi, séduit par ses provocations, je répétais à qui voulait l’entendre, qu’il n'honorait pas seulement le passé de notre langue. Il en préfigurait aussi l’avenir. " Lorsque le temps, lorsque l’oubli ", clamais-je alors, " auront amoindri ses apparentes contradictions, ses discours seront aussi populaires que ceux du grand roi Nampoina ".

Quand j’eus terminé mes études, la Compagnie Générale d’Aménagement m’engagea. Je l’y retrouvai. Deux hommes de notre province sur trois y émargent ; que nous soyons collègues relève donc à peine du hasard. Je puis ajouter aujourd’hui que c’était fatal. Fatal, également, le fait d’être les seuls rescapés de cette singulière équipée. Le côtoyer au travail me permit de lui découvrir d’autres qualités. Ainsi, il est l’un des rares pour lesquels l’affirmation favorite de nos compatriotes : la Générale entretient une armée de corrompus est diffamatoire. Son autorité naturelle, l’estime que tous lui témoignent, auraient pu lui permettre d’amasser une petite fortune. Rien ne permet de soupçonner qu’il y pensa seulement. Ses enfants ne fréquentèrent que les écoles publiques, et je crois savoir que hormis l’aîné, infirmier dans la capitale, tous reprirent avec humilité les métiers de la terre. Je fis tout pour mériter son amitié ; le ciel, les Ancêtres n’y consentirent pas. Il ne voulut jamais voir en moi qu’un supérieur hiérarchique. Ma condition de citadin et mes connaissances plus livresques - peut-être - entérinèrent ce fait regrettable.

Un télégramme de la 3ème subdivision nous alarmait au siège, au début de l’année: Vol de matériel – Retard probable chantier . Rahaga dirigeait cette équipe d’une trentaine de personnes chargée d’ouvrir la route Marozezy-Andapa, dans le nord de l’île. Nous attendîmes des explications qui ne vinrent pas, aussi fut-il décidé d’envoyer quelqu’un sur place. Je me portai tout naturellement volontaire, persuadé que si le destin avait voulu me faire un signe, il ne s’y serait pas pris autrement. Un séjour en tête-à-tête pour résoudre ensemble un problème : je pouvais manquer une telle occasion de m’approcher enfin de l’orateur, afin d’apprendre l’art du parler ancestral. Art que je tentais d’acquérir dans de rares ouvrages perpétrés, le plus souvent, par des dignitaires chrétiens dont l’attachement aux traditions païennes m’a toujours paru suspect. Rahaga, lui, ne citait jamais le prophète étranger dans ses oraisons, non par xénophobie, mais par fidélité aux croyances immémoriales de nos aînés. Je partageai cette foi et je me réjouissais d’avance à l’idée de lui en parler. Tout à mes conjectures, j’en oubliai l’objet de ma mission et en débarquant sur le site, je n’en crus pas mes yeux. Ce qui avait été dérobé n’était pas du menu matériel que l’ingéniosité pouvait pallier, mais des lourds engins de terrassement. De quelque manière que fût posé le problème, nous butions sur ce constat : la reprise du travail était impossible. Anéanti par cette évidence, mon esprit s'évada comme il put : il se préoccupa de ceux qui avaient fait le coup. Voler les faibles suppose du vice, et les puissants du courage, mais s’en prendre aux biens publics par les temps qui couraient dénotait une inconscience sans nom. En me remémorant les sentences prononcées dans des cas similaires, je ne pus m’empêcher de compatir au sort promis à ces pauvres amateurs. Ils devaient traîner un butin de plusieurs tonnes ; de surcroît, la seule route praticable les ramenait à Marozezy, ville côtière totalement enclavée : comment imaginer cul-de sac plus désespérant ?
Répertorier le matériel manquant me semblait devoir être notre priorité, mais Rahaga n’en semblait pas enchanté. Cette histoire "sentait mauvais" ne cessait-il de répéter. Cela ne lui ressemblait guère, et j’essayai de lui faire entendre raison, mais il m’écoutait à peine. Passablement perturbé, il considérait plus sage de disparaître dans la nature anonyme. Après que je l’en eus dissuadé - grâce à quels arguments, je ne sais -, je dus rédiger la liste, seul. Décidé à prendre mon mal en patience, je parvins à m’endormir, finalement serein. Ce contretemps ne ferait que prolonger mon séjour à ses côtés, après tout.

Ses cris écourtèrent mon sommeil. L’aube hésitait encore à poindre, lorsqu’il fit irruption dans ma tente, bredouillant des mots insensés, pâle comme un déterré.
- Calmez-vous, lui intimai-je. Ils retarderont leur inauguration, voilà tout. Nous sommes bien devant un cas de force majeure, non ?
- Monsieur l’ingénieur, balbutia t-il… La route…On a volé la route… La route a disparu !…
Il avait manifestement perdu la tête, mais j’acceptai - pure charité - de le suivre à l’extérieur. Nous nous heurtâmes à des ouvriers hagards eux aussi, et les mots inaudibles que certains ânonnaient, témoignaient de leur absolu désarroi. A l’endroit où, la veille encore, un beau ruban d’asphalte partageait la forêt, un imposant mur végétal nous narguait de son unité retrouvée ! Où que le regard se portât, il se heurtait à du vert : un vert humide, menaçant, scandaleux pour tout dire. Le campement – ne restaient plus que quelques tentes, mais qui pouvait bien s’en soucier, à présent ? –occupait le centre d’une vague clairière. Démentant l’apparente quiétude de ce matin, quelque chose dans l’air semblait nous susurrer que l’espace, le temps s’étaient définitivement affranchis de notre emprise. Qu’étaient-ce ces lambeaux de brumes s’arrachant des hautes futaies, sinon les fumerolles nées des entrailles d’une terre d’avant les hommes ? Ou les dernières exhalations d’un monde à l’agonie ?

Nous sommes la boue que charrie
les torrents de la désolation.
Nous sommes poussière
Dans le chaos d’un monde
qui se défait…


Sombre rengaine entendue… je ne me rappelais plus où. Et pourquoi la fredonnais-je ? Inconscience ? Raison qui, à son tour, vacillait ? Aucun ne voulut y croire. Qu’en un tel moment, je fusse capable de chantonner signifiait à leurs yeux que je contrôlais la situation. Eux, de fiers à bras, si prompts d’habitude à la fanfaronnade, s’en remettaient cette fois à l’Autorité. Non comme des enfants innocents, mais tels de vils créanciers sûrs de leur droit. Rarement, ils avaient l’occasion de tenir un de ces anonymes - ces ceux-d’en-haut - qui décidaient de leurs affectations, de leur destin. " Alors Monsieur je sais tout, que fait-on maintenant ? " Voilà ce que leur silence hurlait.
Les circonstances commandaient l’humilité, même un sot l’aurait deviné. Avec effarement cependant, je sentis sourdre en moi la sève immonde de la vanité. Je m’entendis raisonner : l’Etat s’est saigné pour t’envoyer à l’étranger, apprendre les mille et une manières de construire routes et autres chaussées ainsi que l’art de diriger les hommes. Il t’octroie une rémunération, de beaucoup supérieure à tes besoins; tu es leur chef ; tu es capable de dominer les pires situations. Montre-leur !
Un autre moi-même décréta:
- Ce n’est rien. Nous sommes simplement face à une végétation particulièrement exubérante. Il n’y a qu’à défricher, notre route se trouve en dessous.

Munis d’outils de toutes sortes, les ouvriers mirent peu de temps à prouver l’ineptie de mes propos. La route avait bel et bien disparu. Ils n’avaient retourné que de la banale terre de Madagascar ! Dans une hébétude facilement imaginable, la compagne des mauvais jours fut servie et nous bûmes outre mesure. Il fallut ensuite deux journées de spéculations embrumées pour prendre la seule décision qui s’imposait : revenir à Marozezy, cent kilomètres à vol d’oiseau, mais combien plus ! à travers la forêt primaire.

Comme il fallait s’y attendre, mon autorité s’effritait rapidement. Je me révélai piètre chasseur, incapable d’égorger un sanglier, pourtant immobilisé par les hommes, et lorsque mes chaussures s’engluèrent dans la vase, mes déplorables pieds de jeune cadre ralentirent considérablement notre progression. Je me doutais que notre périple serait difficile, je ne m’attendais tout de même pas à l’enfer. L’enfer pourtant advint. La maladie, les rixes décimèrent le groupe et Ikafo en avait été la première victime. Quand dans l’adversité, l’homme se rappelle être un animal conversant avec d’autres animaux, il lui arrive de se laisser guider par la seule force brutale. L’un de nous s’était fait tuer pour un morceau de viande ; j’avais découvert à cette occasion l’indifférence des autres, mais aussi ma propre lâcheté. Et comment oublier les cris de cet autre moribond, lorsqu’il comprit que nous l’abandonnions ? Je repense à ces horreurs et voici que d’anciennes lectures reviennent me visiter. Céline, Ouologuem ou Narayan m’avaient fait croire qu’il était aisé de comprendre, de ressentir les émotions des petites gens. Ces géants cependant - je n’oublie pas le Faulkner de certaines pages - ne manient que des mots. Et, toujours, les mots trahissent ; jamais, ils n’intègrent l’épaisseur du réel. Je pourrais rallonger à l’envi les énumérations, user d’artifices littéraires, je ne retrouverais pas, moi-même, le craquement des os cédant sous les assauts d’un gourdin. Taire les moments de bonheur éprouvés dans cette forêt serait pourtant mentir. Maintenant, dans ma solitude, les chants autour du feu me manquent terriblement ; ceux d’un Betsileo(4) surtout, dont les “ rija ” étaient de subtiles variations d’un sanglot. Je ne peux également oublier ce refrain étrange, moins chanté que murmuré :

Mais pourquoi les alouettes tournoient dans l’azur ?
Voici que le faucon fond sur elles.


Personne n’avait voulu me l’expliciter, mais à leur manière d’éviter mon regard, nul doute qu’il m’était destiné. Du groupe, en effet, j’étais le seul à savoir interpréter une carte et une boussole. Mes compagnons s’étaient fiés à mes recommandations, mais la configuration du terrain et les obstacles incessants leur donnaient l’impression que nous tournions en rond. Avec leur irrationalité coutumière, ils redoutaient des forces maléfiques attirées par les cercles invisibles que traçaient nos pas. Après qu’ils nous eurent quittés, Rahaga et moi, je compris que ce chant était la justification a priori de leur désertion.

La solitude n’avait pas rendu mon compagnon plus loquace. Je le provoquai :
- Seriez-vous comme Razanakolona, jaloux de votre art ?
Parce qu’il le détestait, ma comparaison pouvait passer pour une insulte. Il ne la releva pas, se contentant de répondre :
- Votre désir est malsain. La manière d’être des Ancêtres, leur science du verbe ne sont pas d’aimables affectations. Vivez, d’abord ! Apprenez à regarder autour de vous ! A moins d’être aveugle, tout y est déjà écrit.
J’eus beau scruter alentour, je ne voyais qu’une nature hostile et deux pantins ridicules.

Les jours et les semaines passèrent. Une nuit, je sursautai, révolté par la licence d’un rêve qui confondait mon destin et celui de l’arbre sous lequel nous étions couchés. La figure de Nasserredin Khan - du Nubian Tales d’Isaiah Rodman - vint me hanter. Ce voyageur perse, pour ne pas se laisser distraire par les mirages du désert, eut cette belle idée de penser très fort à sa favorite. Cette sorte de consolation, hélas ! ne m’était pas permise. Le sourire de Tantely, ses larmes quelques fois, sa sérénité quand elle dormait… Toutes ces images étaient en moi, mais, dans mon désespoir, elles se superposaient et ne formaient qu’un ensemble flou quand je tentais de me rappeler son visage.
Comme un vieil homme, je ne vis plus que par mes souvenirs, mais même ceux-ci me trahissent. La quiétude de cette nuit étoilée est un leurre offert par un dieu cynique. Nous ne sommes pas tirés d’affaire, quoi qu’en pense Rahaga. Pour reprendre une de ses images, nous aussi, nous avions reçu le venin. Nous aussi, nous vivons notre sursis. J’ai hâte maintenant que vienne le jour. Je voudrais vérifier certaines choses.



Berivotra, 1er septembre 20..







II



Nous avions traversé le plateau de Berivotra avec allégresse, Rahaga courant presque. La perspective de revoir les siens et sa ferme intention d’offrir un sacrifice aux ancêtres lui avaient rendu une improbable jeunesse. Encore une fois, je l’interrogeai et enfin il consentit à répondre :
- Je vous ferai tout découvrir. Il n’est pas tout à fait exact qu’il suffit de regarder autour de soi. Je vous apprendrai certains " trucs ", nous sommes maintenant aussi proches que deux doigts d’une main.
- Vous avez pourtant pensé à me tuer, rappelai-je.
- Oubliez cela, dit-il, en éclatant de rire. C’est du passé.

Nous voici enfin sur le bord oriental du plateau. En cette baie, tant célébrée par les poètes, viennent mourir paisiblement les vagues de l’Océan Indien. Le parfum des flamboyants embaume le crépuscule et, au large, Nosy Maitso(5) brise l’horizon monotone. Notre épreuve s’achève donc. La route est partie de cet endroit ; qu’importe qu’elle ait disparu, telle est la destinée de toute chose. Non sans émotion, je comprends que les ancêtres s’étaient trompés en pensant le temps, circulaire. L’idée d’une spirale conviendrait mieux parce que nous ne sommes pas revenus à notre point de départ. La baie, le ciel, et même les cigales, oui, tout est à sa place, mais de ville, point !

Je me suis éloigné de mon compagnon, non que je le craigne, mais pour terminer mon histoire. Au reste, je sais qu’il m’accordera un peu de répit. S’il faut du temps pour sortir d’un mauvais rêve, il en faut également pour y retourner. Ce que j’ai redouté hier s’est réalisé entièrement. J’ai entamé cette mission, poussé par l’incommensurable prétention de posséder le passé, mais le passé est mort et n’appartient qu’aux morts. Ce qui a été ne peut plus être. Rahaga survit dans un monde qui n’est peut-être plus le sien et, dans ma bouche, ses formules ne seraient que vaines harangues. Tout change, nul ne se baigne deux fois dans la même eau … avait écrit ce vieil Héraclite. Je n’aurais jamais dû l’oublier, mais il est étrange qu’à quelqu’un qui recherche le passé, il ait été donné de prévoir l’avenir. Depuis hier, je savais très précisément comment allait se dérouler cette journée. Le moindre pas, le plus infime souffle de vent, les rais de lumière dans les clairières, je les avais vus, comme je sais que Rahaga viendra me trouver. Je connais avec exactitude l’endroit de mon corps qu’il transpercera de sa lame et je sais le temps que durera mon agonie.

Je sais tant de choses que le grand Rahaga ignore, mais il ne servirait à rien que je lui en parle. Au moment où ce qu’il croît être son cauchemar cessera, il entrera dans la folie.

Marozezy, 2 septembre 20..

(1): Sakalava : membre d’une grande tribu de l’Ouest de Madagascar.
(2): Vonizongo : région occidentale des hauts-plateaux de l’Imerina.
(3): Razanakolona : l’orateur le plus célèbre de tout l’Imerina.
(4): Betsileo : membre d’une tribu du Centre-sud
(5): Nosy Maitso : littéralement " Ile verte " ; petit île au large de Marozezy.

7 commentaires:

Matt a dit…

Pfiiooouuu ! Sophistiqué ! :-D

Diane13300 a dit…

Je l’attendais ce deuxième opus :-)

Il est dommage que Matt ne développe pas plus son commentaire, parce que sophistiquée, oui cette deuxième nouvelle l’est assurément. Il y a des mises en abyme vertigineuses et un jeu avec la chronologie qui oblige à une lecture attentive, sinon on s’y perd littéralement comme ses personnages dans la forêt.
J’en ai aimé la lecture qui m’a emmenée loin très loin et pas seulement dans l’espace. Le glissement progressif dans le fantastique est réussi, je trouve. On se retrouve dans l’irréel sans même s’en rendre compte.
Une chose est sûre: Laingama est insaisissable. Il lâche ça et là des petits cailloux blancs qui ressemblent à des confessions sur qui il est, et puis la phrase d’après, il nous entraîne sur une autre piste que nous suivons subjugués. En attendant, il nous a semés, mais des jeux de pistes comme cela, j’en redemande ;-) J’aime beaucoup la citation d’Héraclite, parce qu’elle résume bien l’enjeu de l’histoire, mais contrairement à lui c’est à un fleuve beaucoup plus sauvage dans lequel on ne peut pas se voir que je pense : celui d’un film de Werner Herzog, Aguirre la colère de Dieu. Laingama, votre récit m’a donné envie de revoir ce beau film et rien que pour cela, je vous en remercie infiniment.

Matt a dit…

Pitié Diane, mon commentaire m'a déjà demandé tellement d'effort ! Ce que vous écrivez confirme qu'il est normal que j'ai ramé. Le fait que je ne sache ni écrire des histoires ni les raconter me pénalise pour juger celles des autres. Soit j'accroche, soit pas et je dois reconnaître que je ne lis que des polars ou des thrillers. Alors que dans mon "sophistiqué", il y a beaucoup d'admiration et un peu d'incompréhension aussi.

Matt a dit…

Gloups ! Dans ma dernière phrase, il y un que en trop. La faute à mon iPhone. Oubliez ce que please, sinon mon commentaire n'a ni queue ni tête :-)

Fan_de_ a dit…

Moi non plus je ne comprends pas. Ni l'intérêt de l'histoire, ni sa forme, mais il y a peut-être un lien de cause à effet entre les deux. Je suis désolé, mais je j'accroche pas du tout

Suzette, Antananarivo a dit…

Pour vous, c'est le temps qui fait disparaître la route. Dans la réalité c'est plutot la médiocrité de nos dirigeants.

Pela a dit…

Suzette, oui mais non, parce que c'est nous qui choisissons nos dirigeants.

Je ne comprends pas pourquoi vous ne comprenez pas :-D il suffit de laisser vagabonder son esprit. Cette histoire est délicieusement exotique. A force de fréquenter ce blog, on comprend mieux l'univers de Laingama ( mais tu resteras toujours un peu mystérieux LOL)