mercredi 23 février 2011

Plus loin que l'horizon

En quinze ans, les raisons d'y aller n'avaient pourtant pas manqué... Ceci, par exemple:

Ni ces fantômes que j’ai moi-même crées
emplis d’amertume, de fiel et de fureur.
Ni la supposée fidélité à ses démons, à son malheur
ne sauraient me retenir désormais
car je déserte. Je suis las de guerroyer.
Comme tout silence qui ne précède un sanglot,
comme tout amour qui n’est pas le tien,
fallacieux est l’adage qui nous somme de lutter :
fallacieux et inhumain.
Mène-moi loin d’ici, plus loin que l’horizon
Mène-moi dans les secrètes forêts de l’Est,
où les fumerolles de la terre d’avant les hommes
s’accrochent encore à de grands arbres sans nom.
Nous remonterons les torrents glacés,
les lits d’orchidées aux coloris sans pareils
jusqu’aux clairières où paresse le Lémur doré,
mais nous tairons qui nous sommes, qui nous étions,
afin que son regard, jamais, ne devienne
celui du rêveur qui, à regret, s’éveille.

Mène-moi loin d’ici,
je suis las de guerroyer
contre des fantômes que, malgré moi, j’ai créés.

9 commentaires:

Pela a dit…

J'ai failli désespérer, mais wouaou ! Je me doutais bien que tu devais avoir quelques écrits sous le coude. Laingama, c'est magnifique ! Maintenant, il faut que tu nous montres tout le reste :-)
Observer les lémuriens m'a toujours mise dans des états pas possibles, sans doute parce que dans ma région d'origine la croyance veut qu'ils soient des ancêtres ; peut-être tout simplement parce qu'ils sont craquants. Je ne les regarderais plus comme avant et, promis, si j'en aperçois qui somnolent, je me garderait bien de les réveiller. Welcome back et puisse le pessimisme ne plus jamais interrompre ce blog.

Anonyme a dit…

Mahafinaritra tokoa ny mamaky ny bilaogin'ise. Raha ity tononkalo ity aloha, tohin'ilay resa-be nifanaovantsika dia tsy hadiko loatra fa tsy mi-rima. Aleo atao hoe tsy azoko. Angamba noho izy teny vahiny. Na izany na tsy izany anefa dia tsapa fa ao ilay talenta, ka tohizo, mahereza !

Mampamangy indrindra
Rakotoarison Mamitiana

airelle a dit…

Super, voici de retour notre ami. Bonne continuation, et merci !

Rabri a dit…

Coucou Laingama,
Je n'ai pas ton talent de poète mais je laisse à ce grand poète Sénégalais le soin de te transmettre ma bafaouille :

SAGESSE

Sans souvenir, sans désirs et sans haine
Je retournerai là-bas au pays,
Dans les grandes nuits, dans leur chaude haleine
Enterrer tous mes tourments vieillis.
Sans souvenirs, sans désirs et sans haine,
Je rassemblerai les lambeaux qui restent
De ce que j’appelais jadis mon cœur
Mon cœur qu’a meurtri chacun de vos gestes ;
Et si tout n’est pas mort de sa douleur
J’en rassemblerai les lambeaux qui restent.
Dans le murmure infini de l’aurore
Au gré de ses quatre Vents, alentour
Je jetterai tout ce qui me dévore,
Puis, sans rêves, je dormirai – toujours -
Dans le murmure infini de l’aurore.

Birago Diop


Bizz and welcome back home

Camille R. a dit…

Quel merveilleux poème que vous avez écrit là

airelle a dit…

hou hou ! on aime, et on attend la suite lol ;-)Aiza ô ? aiza ô ?

Marion a dit…

Autant la nouvelle que j'ai lue en premier m'a laissée sur ma faim, autant ce poème me parle. J'aime j'aime j'aime tellement que je suis restée sans voix un bon moment. Et dire que le français n'est pas ta langue maternelle.
je suis d'accord avec commentaire précédent : encore steuplêt !

Diane13300 a dit…

Tout simplement bouleversant.

Iris a dit…

Magnifique et tellement vrai !
Le poème de Birago Diop, Sagesse, qui nous est transmis par Rabri est très bien aussi.